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Témoignages, réflexions, souvenirs...

  Accueillons ensemble les mémoires, toutes les mémoires

Nous avons tous un droit à notre passé. Personne ne saurait être interdit de mémoire. Chacun a le droit sacré de recueillir dans l'histoire les événements qui peuvent l'aider à comprendre le présent et à le vivre mieux. Le passé a toujours été une arme, et le discours de la mémoire l’apanage des classes sociales dominantes. Mais ce qui est propre à notre siècle, c'est que la mémoire se déploie selon des modalités nouvelles.
La mémoire s'est fragmentée, individualisée, privatisée, démocratisée. Les gens n'acceptent plus aussi facilement qu'avant la mémoire officielle avec ses menteurs et ses censeurs : ils veulent avoir droit de regard sur ce qu'on dit du passé et dire ce qu'ils savent. Les récits de vie prolifèrent. En histoire comme ailleurs, la vérité se fait jour au cours d'une enquête qui passe par la confrontation des documents, des expériences et des témoignages. Il ne sert à rien de maquiller le passé, de le mythifier; seule la vérité peut nous être utile.
Certains voient dans cette explosion de la mémoire un risque d'enfermement dans un vécu individuel, forcément limité, et même une menace pour la cohésion de nos sociétés, déchirées par de multiples mémoires communautaires.
Mais chacun est aussi las de l'histoire officielle, que de celle des cas sociaux, quand il s'agit de décrire la vie des «anonymes». La vie en société est d'une toute autre trame, riche de perceptions, de points de vue divers et variés, de petites histoires, qui font la grande. La démocratisation de la mémoire n'est pas un mal, si elle permet à chacun de trouver la source de son identité et l'inspiration de son avenir, et tant qu'elle ne mène pas à la dispersion totale.
Ce qui compte, c'est qu'il y ait quelque chose qui fasse lien à un moment donné et qui favorise l'émergence d'une mémoire commune, enrichie du souvenir des «vies minuscules». Il s'agit de constituer une mémoire nationale unifiée et plurielle qui intègre et dépasse les mémoires cloisonnées et parcellaires.

Les peuples et les hommes ont besoin, pour être, de se souvenir de ce qu'ils furent. Pour autant, la mémoire ne saurait nous étouffer et nous réduire. Il faut, pour survivre, se détacher du passé pour pouvoir s'occuper du présent c'est-à-dire exister. L'oubli fit pendant des siècles le bonheur des hommes, ce fut une consolation et une échappatoire, un ultime recours lorsque le malheur ou le remords pèsent et qu'il n'y a point d'autres ressources que de fermer les yeux et de penser à autre chose. L'oubli nous rend au présent. Et vivre, c'est d'abord oublier.
Imaginez un homme qui n'oublierait rien, qui se souviendrait de toutes les avanies dont il a souffert, de toutes les mauvaises actions qu'il a accomplies, de toutes les joies qu'il a perdues, un homme qui vivrait dans un éternel passé, se remémorant sans cesse ce qui fut, cet homme serait un monstre d'inhumanité, et le ressentiment, la nostalgie, le désespoir, le regret, la honte le mèneraient vite à la folie. On ne peut exister qu'en effaçant beaucoup de ce qu'on a vécu, pour le meilleur comme pour le pire, sinon on serait asphyxié par son passé. Il s'agit de retrouver une innocence sans quoi rien n'est possible.



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